mardi 3 octobre 2023

Entrer dans la vie...



 [...]

"Théo la regarde et lui dit : 

"Mais, Jeanne, tu es en train de guérir. Ta guérison s'opère maintenant... As-tu oublié si vite ce que disait ce médecin ?... Que lorsque le conflit biologique de survie est résolu, il se produit comme une explosion, comme un œdème qui donne à la personne l'impression d'une aggravation, mais que c'est un œdème de guérison... 

Et moi, parlant autrement, je te dirais, Jeanne : tu es dans le temps de la foi.

C'est le moment pour toi de faire confiance et c'est par là que ta guérison deviendra véritablement tienne. Si quelqu'un est guéri par un autre, il n'est pas guéri, il est soulagé. C'est sans doute fort intéressant, mais ce n'est pas une guérison.

La véritable guérison, elle vient de soi-même. 

Et pour qu'elle soit une délivrance qui s'étende aux générations précédentes et qui se prolonge dans les générations présentes et à venir, comme toute véritable guérison, il faut qu'elle soit devenue la tienne... Elle devient tienne, à travers la résorption de l’œdème, c'est vrai, mais elle devient surtout tienne par ta confiance, par le fait que tu es capable de t'accrocher à une conscience qui n'est pas celle des données sensorielles plates du cerveau de ton petit moi-même, de ce cerveau qui n'a pas su -on ne peut pas le lui reprocher, ce n'est pas de sa faute- qui n'a pu proposer que des solutions terribles parce qu'il n'avait pas les données suffisantes.

La foi, c'est que tu restes accrochée à une source d'informations qui est beaucoup plus large que tout ce que tu peux voir et sentir... C'est maintenant le moment de ta foi, Jeanne ! Je ne peux que t'accompagner, mais chaque fois, à chaque seconde, maintenant, où tu oses faire véritablement confiance, tu nourris ton cerveau de milliards et de milliards d'informations qui sont nécessaires pour que tu puisses sortir des terreurs de la survie et entrer dans la vie... Rappelle-toi, Jeanne, c'est bien ce que disait Jésus : 

"Si tu veux entrer dans la vie..." 

Comprends le sens ! "Entrer dans la vie", c'est vivre au-delà des nécessités de la survie. Et pour entrer dans la vie, il faut avoir confiance... Alors fais confiance ! Fais confiance à toi-même ! Fais confiance à cette part de toi-même dont tu as fait l'expérience. 

La foi, ce n'est pas d'imaginer quelque chose et de s'y accrocher. 

La foi, ce n'est pas de s'accrocher à des mots, de s'accrocher à des idées qui nous seraient présentées comme des vérités... 

Non, la foi, telle que je la comprends, c'est d'avoir vécu une expérience d'une part de soi-même beaucoup plus ouverte, beaucoup plus vivante, et de garder confiance dans l'existence de cette part de soi-même, alors même qu'on ne la sent plus ou qu'on ne la voit plus. Par cet acte de confiance, Jeanne, tu continues à enrichir ton ordinateur cerveau et cela, c'est tout simplement vital."

[...]

Alain Masson, "La Lumière qui voit", 1998, pages 88-89.

 

jeudi 9 février 2017

Plume blanche



L'orange des saules tombant sur l'eau calme scintille 
et l'oiseau lève ses grandes ailes.
Les gouttes d'eau s'irisent dans cette lumière de printemps sauvage.
"Les oies vont bientôt passer", pense Nils, 
imaginant le grand voyage.
"Viens", dit le jars K. 
"Je suis l'image qui nettoie toutes les autres, 
la plume blanche qui écrit par-dessus l'encre sèche.
Prends mes plumes et trempe-les doucement dans un peu de ton sang.
Le sang de l'Alliance.
L'histoire qui s'écrira sera nouvelle pour toi 
et pourtant, tu sauras que tu l'as déjà lue."

vendredi 1 janvier 2016

Apprendre la réinsouciance.


1
J'attends.
Mes bras j'étends.
Ma voix, j'entends.
Je prends conscience, je suis.
L'attente ôte ma hâte.
L'attente ôte ma honte, la honte qui me hante.
J'attends le temps.

2
L'attente, c'est le temps du oui.
Oui, je veux être le creux de terre pour les racines.
Oui, je veux être un mur où s'appuie la demeure d'un autre.
Oui, je veux être le bois où se gravent les signes de ton amour.
Celui qui co-nnaît le oui,
qui naît-avec le oui,
celui-là est dans l'a-ttente, la-tente, le temple.

3
Dans la nuit et l'obscurité de la terre
que j'accepte sombre
et où j'attends,
Tu me dis : "La lumière est.
Tout est prêt.
J'éclaire avec toi."

4
Dans la petitesse de ma demeure
que j'accepte étroite et où j'attends,
Tu me dis : "Les pierres d'attente sont là, posées.
Tout est prêt pour la nouvelle construction, la nouvelle dimension.
Je construis avec toi."

5
Sur la planche de bois que je regarde et que j'accepte vide,
sur la feuille de carnet que je regarde et que j'accepte blanche,
Tu me dis : "Les signes sont là.
Tout est prêt.
Ce qui est tracé et ce qui se trace,
j'écris avec toi."

6
Tu nous attends et nous t'attendons.
Lorsque nos attentes se rejoignent, 
c'est la renaissance,
la remise au monde,
la réinsouciance.

mercredi 30 septembre 2015

Quelqu'un te cherche

"Jésus n'accepte pas de barrière, il n'accepte pas, 
il ne pourra jamais accepter que l'on dise de quelqu'un : "Il est perdu...".
Ne le pensons donc de personne 
et surtout jamais de nous-mêmes, 
on n'est pas perdu lorsque quelqu'un nous cherche 
et n'abandonnera pas jusqu'à ce qu'il nous ait trouvés.
Aimons donc, mais surtout acceptons l'Amour de Dieu.
Jésus vient manger avec nous, 
il nous appelle par notre nom : Suis-moi."

Chers amis, c'est avec émotion que je vous confie ces lignes
écrites par Alain il y a plus de soixante ans.
C'est cette Espérance dont il a porté témoignage,
par laquelle il nous a accompagnés,
avec la simplicité du prophète
et une force à déplacer les montagnes...


Les logions de la rencontre 2015

Chers amis,
Voici quelques-uns des textes à partir desquels nous avons partagé cet été nos propositions de compréhension. Vous vous en souvenez, l'un d'entre nous tirait le nom de celle ou celui qui tirerait à son tour un numéro de logion. La nuit passait, et nous en discutions le lendemain matin.

"C'était en 1945, aux environs de Nag Hammadi en Haute Egypte, sur l'emplacement de l'ancienne chénoboskion de Saint-Pacôme, un champ comme les autres. Il attendait son laboureur, un paysan comme les autres. C'est lui qui, au hasard de la charrue, découvrit le trésor.
Un trésor de paroles, enveloppé par les siècles, vieilli par une terre ocre : une bibliothèque gnostique dans des amphores destinées à mûrir le vin doux; cinquante-trois parchemins écrits dans cette langue copte sahidique encore proche des anciens hiéroglyphes égyptiens (copte vient de l'arabe qibt, contraction du grec aiguptios : Egypte).
Parmi ces cinquante-trois manuscrits, un Evangile (Codex II), une "bonne nouvelle" qui n'annonce rien, mais qui révèle à l'homme ce qu'il porte en lui depuis toujours : un espace infini, le même à l'intérieur et à l'extérieur. Il suffirait à la cruche humaine de s'ouvrir...
[...]
Paroles qui ne sont pas bavardes mais qui sont autant d'énigmes à la façon des koans japonais, ces petites phrases qui, selon les apparences, manquent de sens mais qui, si on les laisse pénétrer, comme des grains de sable dans les rouaages de notre mental ordinaire, peuvent bien provoquer un arrêt, un silence... une transformation de la conscience."
Jean-Yves Leloup, L'Evangile de Thomas, traduit et commenté, Ed. Albin Michel, 1986, p.7.


Thomas, Logion 5 :

"Jésus disait :
Reconnais ce qui est devant ton visage
et ce qui t'est caché te sera dévoilé.
Il n'y a rien de caché qui ne sera manifesté."

Thomas, Logion 29 :

"Jésus disait :
Si la chair est venue à l'existence à cause de l'esprit,
c'est une merveille,
mais si l'esprit est venu à l'existence à cause du corps,
c'est une merveille de merveille.
Mais moi, je m'émerveille de ceci :
Comment cet Etre qui Est,
peut-il habiter ce néant ?"

Thomas, Logion 23 :

"Jésus disait :
Je vous choisirai un entre mille et deux entre dix mille
et ils se lèveront comme un seul, simplifiés."

Thomas, Logion 44 :

"Jésus disait :
celui qui aura blasphémé contre le Père,
on lui pardonnera,
et celui qui aura blasphémé contre le Fils,
on lui pardonnera.
Mais celui qui aura blasphémé contre l'Esprit Saint,
on ne lui pardonnera pas,
ni sur la terre, ni au ciel."

Jean 11, 9 :

"N'y a-t-il pas douze heures de jour ?
Si quelqu'un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu'il voit la lumière de ce monde
mais si quelqu'un marche pendant la nuit, il trébuche parce que la lumière n'est pas en lui."

Présence



"La merveille de vos présences,



je la perçois par effet d'entraînement.



Si vous vivez l'entraînement, régulier, constant et renforcé,



vous percevrez les présences.



 



Voir vos présences : je n'ai pas de mots.



Ce n'est pas de l'émotion, mais de l'émerveillement.



Nous sommes ces présences. C'est la vraie réalité.



Quand on meurt, les présences continuent.



Celles qui se sont entraînées, elles continuent. C’est une évidence.



Quand on a la merveilleuse chance de les voir, de les sentir,



on perçoit dans une pièce comme celle-ci, beaucoup d'autres présences.



Merci, tout en sachant que je n'arrive pas à croire ce que je vois.



 



Etre, c'est donner sa présence



et on est la présence qui se donne".

(Alain, d’après des notes de stage de Françoise, 2008)